Le voyage en bateau de Dakar à Ziguinchor

Le brouhaha des gens qui doivent enregistrer leur bagages : meubles, motos, caisses, cartons,  bidons d’huile – c’est une liste non exhaustive !  Il faut dire qu’à Dakar, on  trouve vraiment tout, ce qui n’est pas le cas dans les villages ou les petites villes comme Ziguinchor. En plus dans la capitale tout est meilleur marché donc tout le monde fait ses provisions et ramène des « cadeaux » à ses proches restés au village !

Notre beau bateau s’appelle ALINE SITOE DIATTA – un bel hommage à une jeune femme du même nom qui a lutté contre les colons au début du siècle et fut réputée pour les miracles qu’elle accomplissait (http://www.au-senegal.com/Aline-Sitoe-Diatta.html).

Ce bateau est très sécurisé, on y trouve des points de rassemblements, au cas où il y aurait un problème : le naufrage du JOOLA (http://www.afrik.com/article5050.html) est encore dans les souvenirs de tous les Casamançais – plus de 1800 morts et seulement une soixantaine de survivants ! Il n’y a pas une seule famille qui n’ait perdue un de ses fils, une mère ou un autre parent. Ce bateau était le lien indispensable aux producteurs de légumes et fruits, ou les pêcheurs, qui venaient vendre sur les marchés de Dakar. Bien que 8 années se soient écoulées depuis ce drame, beaucoup de casamançais se refusent à reprendre un bateau ! (http://fr.wikipedia.org/wiki/Joola)

Ce voyage en bateau est une partie de plaisir pour moi, après cinq jours dans la pollution, le bruit, les bouchons permanents, les vendeurs à la tire, la chaleur étouffante. C’est un vrai repos. 

Sur un bateau, on fait souvent de belles  rencontres :    nous étions quatre dans la  cabine  (pardon cinq, parce qu’une maman de 70 ans partageait son petit lit avec sa fille).  Parmi mes compagnons de route, une jeune infirmière espagnole, qui voyageait avec ses  copines pour une semaine de repos en Casamance, après trois semaines de travail dans des cases de santé pour informer sur les dangers du paludisme et sa prévention.

Egalement parmi nous, se trouvait une jeune femme de Dakar, travaillant pour Handicap International et venant à Ziguinchor pour la Journée de lutte contre le Sida. Comme je pose toujours des questions indiscrètes, demandant si elle distribue des préservatifs, elle me dit qu’elle en laisse partout dans des toilettes : peu après ils ont trouvé preneur !

Enfin, une Maman à la retraite voyage avec sa fille. Ayant travaillé à l’hôpital,  elle compte contacter des femmes pour semer de l’ARTEMISIA ANNUA dans leur jardin commun, une plante qui aide à guérir le paludisme et qui devrait s’adapter facilement au climat local (http://www.acp-paludisme.org/plante-contre-paludisme.html). Sa fille, qui a une entreprise de bâtiment depuis dix ans, m’a proposé de faire un don pour distribuer des cadeaux de Noël aux enfants d’un village, où l’on ne peut accéder qu’en bateau.

J’ai aussi rencontré un ami de longue date qui m’a proposé de nous soutenir dans un projet qui nous tient à cœur… histoire à suivre !

Le voyage le long des rizières et les nouvelles plantations de Palétuviers partout dans les bolongs me donnent l’espoir de voir cette région bientôt reboisée (http://www.oceanium.org/#rubrique-32).

Après une vingtaine d’heures de voyage, je suis arrivée à Cap Skirring, où il fait une chaleur encore plus étouffante qu'a Dakar…  Bonne nouvelle, il n’y a plus de coupures d'électricité : les gens qui m'accueillent ont le sourire ! Mon amie Samira a rouvert son Restaurant, la PIROGUE - mon point de chute quand j'ai envie de bien manger. C'est de loin la meilleure cuisine du Cap ! Le cadre est familial et chaque soir, on y entend la même cassette de valses Viennoises...

Email de Monika, 2 décembre 2010