Un soir arrive un message venant de nos amis en Casamance : les mines ont encore causé une victime, une jeune femme de 36 ans nommée Martine Niafouna.
Nous essayons d’en savoir un peu plus. Comme le raconte l’article du CICR [ http://www.icrc.org/web/fre/sitefre0.nsf/html/senegal-feature-231209 ], Martine a sauté sur une mine à une centaine de mètres de la maison familiale. Ce village, comme 92 autres, est ‘interdit’ d’accès à la population, à cause des mines antipersonnel, dispersées au hasard dans la brousse.
En conséquence, des centaines de familles vivent en location, dans une ou deux pièces sans confort à Ziguinchor, la seule ville avec un hôpital et un centre d’appareillage pour les prothèses.
De temps a autre, et malgré l’interdiction, les villageois retournent dans leurs villages, pour travailler dans les rizières, au risque de leur vie... Martine en est la preuve (sur)vivante !
Nous lui avons rendu visite quelques jours après son amputation, au mois de Juillet 2009 : elle était déprimée et ne savait pas du tout comment envisager l’avenir (avec une jambe en moins et l’autre en mauvais état).
En Mars 2010, lors de notre visite suivante, elle allait mieux. On a lui donné des casseroles, des assiettes et des tasses. Elle pensait ouvrir un ‘snack’ devant la chambre où vit sa famille de neuf personnes. Les voisins viendront sûrement lui acheter des cafés pour qu’elle gagne un peu d’argent !
Les dernières nouvelles ressemblent à un compte de fée : sa tante, qui travaille dans un complexe hôtelier, a raconté son histoire à des anciens clients Italiens, qui sont devenus ses amis. Une amitié qu’ils ont mise en action : ils ont réussi, en quelques jours, à avoir un visa pour Martine et sa tante. Elles se sont rendues en Italie, à Budrio près de Bologna, où se trouve un centre mondialement connu pour l’adaptation de prothèses. Elle a vécu un rêve qui l’a aidé à surmonter un peu le choc subi...
Apres deux semaines de séances de rééducation avec sa nouvelle prothèse, et bien entourées par ses amis Italiens, elle est de retour chez elle. Elle commence à marcher, a installé son petit « café » à l’Africaine et a beaucoup de visites : tout le monde veut savoir comment c’était, là-bas, en Europe !
"La Provence" le Vendredi 25 Juin 2010 : Vélos et fauteuils roulants pour aider la Casamance
"La Provence" le 22 Avril 2008 : Elle se bat pour les victimes des mines en Casamance
Sur le déminage en Casamance voir aussi link
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