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30 janvier 2011 7 30 /01 /janvier /2011 13:36

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Aujourd’hui j’aimerais partager avec vous un email que je viens de recevoir d’une jeune fille qui a 19 ans. Elle m’avait demandé des renseignements sur l’excision, lors de mon dernier séjour en Casamance. Comme je venais d’acheter le livre de Waris Dirie ‘Fleur du Désert', je le lui avais laissé car elle m’avait dit qu’elle préparait un exposé dans sa classe traitant de ce sujet TABOU...

 

Voici son témoignage à propos de l'exposé qu'elle a fait :

Mon exposé sur l’excision était vraiment très bon car je m’étais bien préparée et j’avais fait des recherches. J’avais même demandé aux mères qui ont fait exciser leurs filles pour quelle raison elles avaient fait çela. Elles m’ont répondu que c’étaient leurs coutûmes. Donc je leur ai demandé  pourquoi à leurs yeux l’excision était importante et quelles étaient les raisons qui les poussaient à faire exciser leurs fillettes.

Elles m’ont répondu :

-          D’abord l’excision est très importante parce qu’elle représente une tradition qu’on a héritée de nos grands-parents : les femmes non excisées sont  considérées comme ‘impures et incapables de maîtriser leurs pulsions sexuelles’.


Dans notre classe, plus de 10 filles sont excisées. Je leur ai posée la question suivante :

-          Quand vous aurez des filles, est-ce que vous les ferez exciser ?

Leur réponse :  Oui, nous exciserons nos filles car on nous l’a fait et nous devrons le faire à nos filles.

-          Donc, vous le ferez en cachette ?

-          Oui, nous le ferons en cachette. Jusqu’à présent nos parents le font, et pourquoi pas nous ?

-          Mais, en tant qu’intellectuelles, donc vos études ne vous servent à rien ?

-          Si, nous sommes des intellectuelles, mais l’excision est un sujet tabou. On devrait en parler à l’école ou ailleurs.

 

A mon avis, ce TABOU est une des raisons pour laquelle cette tradition barbare n’est que rarement remise en question. J’ai même donné l’exemple de Waris Dirie (livre et film : Fleur du Désert).


L’exposé a duré deux heures ! J’ai expliqué que l’excision est une coûtume dangereuse pour la santé des filles qui ont subi cette pratique : chez nous, l’excision est appliquée  sous sa forme la plus grave des  MGF (mutilations génitales féminines), appelée excision pharaonique. Ces filles risquent de tomber malades ou même de perdre leur vie lors du déroulement de l’opération.

 

Cette jeune fille nous écrit aussi que la tradition pratiquée par ses  ancêtres et qui perdure jusqu’à nos jours, est toujours suivie. En effet, dans son village il y a de plus en plus de filles excisées. Et ceci malgré que fait que les mères et pères de famille, ainsi que les exciseuses sont au courant que c’est une pratique interdite par la loi, et  que toute personne inculpée peut finir en prison....


Elle continue :

C’est pourquoi nous montrerons les conséquences de cette coûtume et avancerons des idées permettant de lutter contre ce fléau. En somme, tous ceux qui pratiquent cette tradition doivent être considérés comme des ignorants car cela met gravement en danger la santé, et même la vie, des petites filles et des femmes qui en sont les victimes. En fait, la femme n’est pas comme l’homme, et l’homme n’est pas comme la femme, car nos organes génitaux ne sont pas les mêmes.

Si Dieu avait jugé que certaines parties de notre corps étaient inutiles, pourquoi les aurait-il créées ?

Alors, le temps est venu d’abandonner les vieilles traditions qui causent tant de souffrance.

                         *************

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C’est sur ces mots que se termine l'email de notre amie qui a souhaité gardé l'anonymat.

 

Nous espérons que son courage, le fait d’en avoir parlé dans sa classe,et d’avoir brisé ce tabou, encouragera les discussions sur le thème de l'excision - ou MGF (Mutilations Génitales Féminines) - dans les familles de son village, pour que finalement cette tradition terrible s'arrête !

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commentaires

K
<br /> <br /> Je connais bien cette association qui intervient dans les villages où je vais. Sous le prétexte d'alphabétisation des femmes (en diola), elle fait un travail en profondeur sur l'excision car<br /> après, ce sont les femmes elles-mêmes qui font la formation aux autres. Et je pense que l'éducation des femmes et des jeunes sera sûrement un début de solution.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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E
<br /> <br /> Je suis bien d'accord avec vous  - merci pour cette information précieuse! je vais vous contacter par mail...<br /> <br /> <br /> cordialement<br /> <br /> <br /> monika<br /> <br /> <br /> <br />
K
<br /> <br /> C'est vrai que ce n'est pas facile, car dans les villages où je vais, je sais qu'il y a encore l'excision....tradition ...culture...?<br /> <br /> <br /> Et quand, moins grave, une mère qui a souffert de voir une seconde épouse arrivée, et qui aujourd'hui pousse  son fils à prendre lui aussi une seconde épouse .....<br /> <br /> <br /> Et ici en Europe, les parents qui ont été battus dans leur enfance et qui  le reproduise sur leurs enfants...<br /> <br /> <br /> Il y a là dedans de l'ordre du pathologique !<br /> <br /> <br /> Où trouvez la ou les solutions ?  l'Education ?<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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E
<br /> <br /> bonjour et merci pour votre commentaire - je suis d'accord avec vous: le problème est très complexe, et ce n'est pas à nous les 'toubabs' de montrer comment s'en sortir... certainement il y a un<br /> manque d'informations: les traditions continuent surtout dans les villages, alors que dans les villes, ou on a accès a l'information, cette 'tradition' se perd... regardez le site de l'Asso<br /> TOSTAN - cette ONG est très active dans ce domaine: http://tostan-fr.blogspot.com/2010/05/senegal-societe_18.html<br /> <br /> <br /> cordialement<br /> <br /> <br /> monika<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
D
<br /> <br /> La problématique de l'excition retrouve sa source dans le contexte culturel.Comme tout problème culturel, la réponse ne saurait ètre que culturelle<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
E
<br /> <br /> Bonjour Docteur, merci pour votre réponse! je suis tout a fait d'accord - mais alors comment changer les traditions pour que ces mutilations cessent? C'est une jeune fille de 18 ans qui a fait un<br />  exposé à ce sujet dans sa classe, donc elle sait de quoi elle parle!<br /> <br /> <br /> <br />

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